Alonzo King LINES Ballet est aujourd’hui l’une des compagnies les plus importantes et les plus créatives des Etats-Unis. Fondée par Alonzo King en 1982 à San Francisco, la compagnie s’inscrit dans la mouvance des grands ballets néo-classiques. Alliant technique classique et recherche de puissance et de félinité, le chorégraphe américain marque aussi par la virtuosité de ses interprètes dans l’articulation de leur corps. Leurs points communs : grandes et athlétiques aux jambes interminables montées sur chevilles d’acier pour les femmes. Muscles longs et puissants, épaules carrées et assurées pour les hommes. Par ses collaborations avec des artistes de disciplines et de cultures différentes, l’interprétation est riche d’une belle diversité ethnique.
Leur passage à Vaison-la-Romaine ce 12 juillet 2016 lors de cette tournée européenne, a donc ravi les spectateurs venus nombreux, curieux et impatients de découvrir ce monument de la danse contemporaine. La compagnie a présenté deux pièces de son répertoire : Shostakovich et Writing Ground.

Shostakovich
« Sur un quatuor (modification 3) à cordes du compositeur russe, les danseuses sur pointes oscillent dans un état de suspension, soutenues et accompagnées par des danseurs à l’agilité féline. La musique, cristalline et puissante, prend corps avec ces danseurs fuselés et aiguisés comme des lames ou comme une pensée. La grâce et la musicalité profondes des êtres, au-delà de l’émotion esthétique, semblent nous guider sur le chemin de l’élévation de l’âme. »

La force dramatique de la musique de Shostakovich est à la base de cette pièce pour douze danseurs. Après une ouverture en groupe toute en fluidité, King nous offre entre autres, des duos passionnants. Les corps fuselés s’entortillent, et se vrillent, et nous font la démonstration d’une maîtrise technique poussée à l’extrême. Entrées en pointes glissées, sauts marqués, les transitions entre les scènes et les séquences sont propres.

Les interprètes se calquent sur le rythme effréné de la musique qui oscille entre harmonie et discorde. Malgré cette musique assez difficile à suivre, le spectacle hypnotique réussit à nous emporter par une esthétique ciselée.


Writing Ground
Lors de l’entracte d’une dizaine de minutes avant Writing Ground, les danseurs se sont échauffés sur la scène avec nonchalance. Les spectateurs assis bien loin ont ainsi pu s’approcher pour admirer leur physique époustouflant d’un peu plus près. Quant les danseurs quittent la scène pour se mettre en place, Writing Ground commence : « Cette pièce lyrique et magistrale d’Alonzo King a été créée en collaboration avec l’écrivain irlandais vivant et enseignant à New York, Colum McCann, dont les romans sont de flamboyantes et âpres histoires d’amour et d’exils. Alonzo King suit le mouvement de ces êtres déracinés et met les mots de Colum McCann dans les pas de ses danseurs, sur des musiques sacrées de tradition chrétienne, juive, musulmane, bouddhiste et tibétaine. »


Une fine pluie s’était invitée à Vaison peu avant la représentation. Le thermomètre indiquait à peu près 17 degrés. L’air de fin de soirée était assez humide. La condensation s’était installée sur la scène. Les danseurs ont dû se mouvoir sur un terrain plus glissant et plus frileux. Ce qui n’était pas pas chose aisée. Writing Ground alterne séquences en groupes, ensemble et duos.
