L’envie d’en apprendre plus sur Laura Arend est venue après la découverte de sa dernière pièce que l’on vous a annoncée ici, mais approcher la jeune chorégraphe n’est pas aisé. Voyageuse perpétuelle, il a fallu saisir un temps où le décalage horaire permettait un créneau de disponibilité pour chacune d’un côté et d’autre de l’Atlantique, pour un échange vif, fort et sensible comme sa danse qu’elle nourrit sans cesse aux quatre coins du monde.
En effet, bien que née et formée en France, au CNSMD de Lyon, Laura Arend a surtout un parcours international. Après être passée par le Merce Cunningham studio de New York, elle s’embarque pour Israël où elle suivra les cours de la Kibbutz contemporary dance company (KCDC). Elle danse comme interprète pour de nombreux chorégraphes avant de créer sa propre compagnie en 2011, Laboration Art Company et continue de voyager comme professeur invité (France, États-Unis, Maroc, etc.,). Elle se nourrit des rencontres avec les danseurs et chorégraphes qu’elle croise sur sa route, s’impliquant dans le paysage chorégraphique local jusqu’à créer par exemple, le premier festival de hip hop d’Israël, Hamaftheah.

Aujourd’hui à New York, demain en Avignon, après demain sans doute en Allemagne, Laura Arend se nourrit non seulement des gens qu’elle rencontre mais aussi des cultures qu’elle côtoie lors de ses séjours à l’étranger. En 2014, elle vit une expérience fondatrice lors d’un voyage d’un mois en Inde lors duquel elle se forme au Yoga, elle en parle comme d’un bouleversement existentiel, et transmettre cette technique s’avère une nécessité. Yama, sa création 2016, est née de cette expérience. La pratique du Yoga et sa philosophie ayant creusé un sillon fertile, la chorégraphe s’en empare, à la fois pour enrichir sa pratique quotidienne mais l’invite aussi comme sujet d’inspiration pour Yama, dans laquelle elle confronte les valeurs bouddhistes au corps des danseurs occidentaux. Les frottements entre cultures, la confrontation des concepts et des références inhérentes à chacune sont une des matières utilisées par Laura Arend pour créer.

Pour autant la danse de Laura Arend, n’est pas une danse conceptuelle qui tirerait du côté de la non- danse. Elle s’inscrit dans une danse qui danse, une danse énergique, organique comme celle de la Batsheva où elle s’est formée à la méthode gaga après son retour d’Inde. Il naît de toutes ses influences une technique propre qui utilise toutes les ressources assimilées. Laura Arend parle d’un trépied sur lequel s’appuie son univers chorégraphique, formé par le voyage, la culture et la danse. Pour cette dernière, elle ajoute que la sienne puise autant du yoga pour le centrage que du gaga pour la transe et l’énergie collective. Elle insiste aussi sur l’aspect ou la recherche esthétique de son travail qui est comme une signature, il suffit pour s’en convaincre de visionner 83 snakes, vidéo où elle danse avec deux performeuses Dorry Aben et Reut Shaibe, création réalisée et produite en 2014 par Eran Paz, Udi Goren. Esthétique singulière, troublante qui brouille les frontières et les références, danse d’extérieur, de plein champ pourrait-on dire, univers porteur d’une violence sociétale et qui en renverse les codes : le plus beau jour de notre vie ne serait-il pas le plus mensonger ?
Laura Arend- 83 Snakes from Udi Goren on Vimeo.
Interrogation sur les codes, les symboles, leur récurrence ou leur disparition selon les cultures, tel est la matrice à laquelle se nourrit la chorégraphe. Fidèle à son processus de création, Laura Arend se plonge pour Five sa nouvelle pièce dans la symbolique du chiffre 5 à la fois dans la culture israélienne et dans ses résonnances avec le monde. Pièce pour 5 interprètes dont 4 danseurs israéliens issus des compagnies Batsheva, Vertigo et KCDC, Laura Arend pour marquer ses 5 dernières années vécues entre la France et l’Israël, leur propose dans Five d’explorer la symbolique du chiffre 5.

Dessinant comme une carte du tendre ou un inventaire poétique à partir de ce signe, Hamsa la main de Myriam, Heh la 5ème lettre de l’alphabet hébreu, ou les 5 continents, le 5ème arrondissement de Paris, ou Chanel 5 etc., Five est une pièce conçue autant pour les plateaux que pour l’extérieur et à découvrir dès le printemps prochain. Laura Arend a présenté début janvier le solo Irma inspiré par le parfum Chanel N°5 dans le cadre des Rencontres chorégraphiques du mouvement contemporain, premières recherches pour Five qu’on vous avait annoncé ici.
Tournée 2017 des pièces de Laura Arend

YAMA / création 2016
Chorégraphie : Laura Arend
Assistante : Lola Mino
Danseurs : Laura Arend, Olivia Caillaud, Eli Cohen, Patrick Entat, Nitsan Margeliot, Damien Sengulen
Création lumière : Jean-Yves Beck
Montage musical : Nicolas Pfeffer
Où et quand ?
Du 11 au 26 avril 2017 tournée en Inde avec le réseau des Alliances Françaises.

FIVE / création 2017
Chorégraphie : Laura Arend
Danseurs : Laura Arend , Eli Cohen, Lola Mino, Marija Slavec, Nitsan Margeliot
Où et quand ?
16 mars 2017 : sortie de résidence FIVE au Point Ephémère, Paris
31 mars 2017 : solo IRMA au Festival 123 soli, Lyon
20 mai 2017 : sortie de résidence FIVE au Fort de Bruissin, Francheville
Du 7 au 30 juillet 2017 – 20h25 Festival Off d’Avignon – Théâtre Golovine
Août 2017 : FIVE à New-York, au Battery Park Festival et au Musée de l’Héritage Juif
8 et 9 septembre 2017 : FIVE in situ au Château de Preisch – Basse Rentgen
23 septembre 2017 : FIVE à L’Espace Théodore Gouvy Freyming-Merlebach
En savoir plus sur le travail et la compagnie de Laura Arend c’est ici !
Image de Une, Laura Arend dansant sur les toits de New York©Arend .