Lorsqu’on lui demande de parler de lui, Pierre Pontvianne, parle de sa compagnie, une rencontre de trois individualités, trois collaborateurs qui se retrouvent autour d’un travail exigeant, la compagnie PARC, co-fondée en 2004 par Émilie Tournaire, Pierre Treille et lui-même. La collaboration, la rencontre, le dialogue sont autant de mots qui viennent au chorégraphe pour parler de son travail, et il associe son aventure artistique à l’engagement de la compagnie PARC au sein du projet RAMDAM un centre d’art. « Je ne suis rien seul » dit-il. Forme de modestie ou de discrétion assumée, Pierre Pontvianne dit chercher la collision, l’exigence dans la remise en question qui peut surgir de la confrontation avec d’autres univers artistiques mais il privilégie toujours la générosité dans la rencontre, le dialogue avec ses partenaires. Ainsi, il ne dissocie pas l’interprète de l’écriture chorégraphique, il s’agit plutôt d’une invitation à découvrir son propre travail qu’il place du côté du poétique et de l’épure.
Poétique et épure que l’on retrouve à travers des choix esthétiques, celui du site de la compagnie d’une sobriété revendiquée loin de la saturation d’images dont notre quotidien est submergé, une simplicité loin de la facilité. Choix qui se prolonge dans les pièces du chorégraphe nourrit par une formation académique qu’il revendique, Pierre Pontvianne, s’amuse à la démanteler, pour s’intéresser à l’humain, au vivant, au sensible, il se joue de l’effort pour briser les résistances du corps et faire advenir le plaisir. À travers Souffle, Punkt, Motifs (duo inspiré et tendu par l’instant, interprété avec Marthe Krummenacher) ou de sa participation au projet Passion(s) (projet laboratoire initié par Florence Girardon qui réunit 9 auteurs, Ulises Alvarez, Cécile Laloy, David Mambouch, Maguy Marin, Eric Pellet, Pierre Pontvianne, Ennio Sanmarco, Philippe Vincent, autour de l’œuvre de J.S. Bach La passion selon saint Matthieu), c’est une singularité d’artiste qui se dévoile. Pierre Pontvianne n’entre dans aucun courant, il est hors format, hors schéma. Il développe son travail dans une lente démarche de maturation, il aime l’idée d’intemporalité, l’idée qu’une œuvre se poursuive sur le temps d’une vie comme celle d’Opalka qu’il admire. Il aime l’idée de fidélité qu’il met à l’ouvrage en travaillant avec des complices fidèles qui croisent et recroisent sa route au gré des projets.
Sa prochaine création, Janet on the roof, illustre parfaitement cette continuité puisqu’il s’agit d’un solo créé pour Marthe Krummenacher avec la participation de Pierre Treille. On traverse dans cette proposition une danse à la fois mouvante et picturale, où les glissements imperceptibles des postures et les revirements intenses d’énergie révèlent les traces de sa rencontre avec cette interprète unique.
Artiste complet, chorégraphe, danseur, musicien, passionné par les arts visuels, Pierre Pontvianne est un être discret pourtant son engagement est celui d’un guerrier. Il parle comme il danse et on comprend que le mot intermittence pour parler de son métier ne lui convienne pas, en effet aucune forme d’intermittence dans son rapport au monde, mais l’acceptation de la patience, une réflexion quasi philosophique sur le temps, l’idée que d’un changement d’échelle peut advenir un phénomène (plutôt qu’un accident) et au cœur de tout cela la rencontre, le frottement, la confiance donnée par un regard bienveillant. Une générosité sur scène comme dans la vie.
En tournée :
Janet on the roof
du 05 au 06 juillet Festival des 7 collines, Saint-Étienne (42)
du 10 au 14 octobre L’ADC, Genève (Suisse)
le 04 novembre Espace Le Corbusier, Firminy (42)
Motifs
les 24 et 25 septembre CCNR de Rillieux-La-Pape – direction Yuval Pick (69)
En savoir plus sur la Compagnie PARC
Image de Une, portrait de Pierre Pontvianne © cie PARC.