Voilà, la Biennale est terminée et comme lors de chaque édition a offert au public un large éventail de ce que la création chorégraphique propose aujourd’hui. Parmi les différents événements qui ont profité de sa tenue, on salue l’opportunité du Musée des Confluences d’organiser la très belle exposition Corps rebelles, une installation qui se visite casque sur les oreilles et qui nous connecte directement avec les œuvres vidéo qui déroulent devant nos yeux lorsqu’on s’en approche. Six grands thèmes dessinent le parcours : danse virtuose, danse vulnérable, danse savante/danse populaire, danse d’ailleurs et Lyon, une terre de danse. Des documents vidéos très intéressants sur l’histoire de la danse, des témoignages de chorégraphes et des extraits d’œuvres parfois très émouvants. Cette exposition qui s’inscrit dans la dynamique de la Biennale se poursuit bien après celle-ci puisque’on peut la visiter jusqu’au 5 mars 2017. Parmi les spectacles vus en voici deux très différents.
Ossidiana de Fabrizio Favale
Ossidiana, c’est l’obsidienne cette pierre volcanique et noire qui donne sa couleur à certaines plages de l’Italie du Sud mais c’est aussi d’un voyage en Islande que le chorégraphe s’est inspiré pour créer cette pièce très atmosphérique. Une impression accentuée par la nappe sonore réalisée en live et en partie improvisée par Daniella Cattivelli. Une pièce sombre, où l’impression d’étrangeté est renforcée par l’utilisation de fumigènes manipulés par des personnages énigmatiques encapuchonnés, parfois transformés en figures sorties tout droit de contes et légendes. La pièce est constituée de différents tableaux dont l’articulation est parfois très longue à se mettre en place et qui font perdre le fil de la narration …mais y en a-t-il réellement une ? Les 8 danseurs au plateau se livrent à des mouvements giratoires quasi hypnotiques dans leur répétition, la virtuosité est présente, les portés et les mouvements de groupe très propres mais si on ne parvient pas à rentrer dans l’univers très particulier du chorégraphe, l’ensemble paraît très bavard et si les interprètes sont exceptionnels dans leurs qualités physiques la chorégraphie semble déjà vue et parfois presque néo-classique.
Chorégraphie Fabrizio Favale/ Musique live Daniella Cattivelli/ Danseurs Martin Angiuli, Daniele Bianco, Vincenzo Cappuccio, Martina Danieli, Andrea Del Bianco, Fabrizio Favale, Francesco Leone, Stefano Roveda.
Relic Euripides Laskaridis
Avec ce solo de 45 mn, le performer grec nous entraîne dans un univers indéfinissable de même que sa proposition est inclassable.
Transformisme, caricature, sens du ridicule et humour ravageur, Euripides Laskaridis sous les traits d’une poupée étrange, entre poupée d’Hans Bellmer et Minnie Mouse, reformatée drag queen, stéroïdée déroule un spectacle qui ravage toutes les conventions. Celle du spectacle, puisqu’il manipule lui-même à vue, d’un escarpin nonchalant le son et la lumière de sa pièce, celles de la société lorsqu’il se gausse d’une bourgeoise mimant un discours inaugural mais dont la logorrhée incompréhensible rend la cérémonie vaine et ridicule. Tout est à l’avenant, le performer pris d’une soudaine et pressante envie d’uriner, le loup qui hurle à la lune et en perd ses dents, un grand sens de la bricole et de la parodie pour un show jubilatoire qui détourne les conventions du cabaret (magnifique numéro à l’éventail !) ou d’autres formes de représentations scéniques. Toute tentative de sérieux est réduite à néant et pourtant, il y a ici une vraie réflexion sur l’apparence, le trouble du genre, un spectacle qui ne cesse d’étonner le spectateur qui va de surprises en surprises plus incongrues les unes que les autres.
Chorégraphie, mise en scène, scénographie et interprétation Euripides Laskaridis.
Ces deux pièces vues parmi d’autres, on vous a notamment parlé de Jessica and me, montrent la diversité esthétique présentée lors de cette 17ème Biennale. Alors qu’elle se termine son bilan est encore une fois particulièrement parlant sur la richesse de la création chorégraphique et sur l’engouement du public pour cette forme d’art.
Avec 166 représentations proposées dans 62 lieux, vus par 91198 spectateurs en salle et dans l’espace public, et un territoire de diffusion élargi à 16 nouvelles villes partenaires, la Biennale s’inscrit durablement comme un des événements phare autour de la danse. Le public est présent non seulement aux spectacles mais participe aussi aux « Fabriques de l’Amateur et du Regard » (près de 25 000 personnes) montrant l’intérêt des citoyens à vivre des formes participatives et à réfléchir aux enjeux de la création contemporaine.
On dit donc au revoir et à bientôt !
Image de Une, visuel de la Biennale de Lyon 2016 tous droits réservés.