Un vent de Palestine souffle sur Berlin

After the last sky est le premier festival international et interdisciplinaire dédié à la Palestine à avoir lieu en Allemagne, au Ballhaus Naunynstrasse de Berlin. Un événement qui s’étale sur un mois et qui sera bercé par des performances théâtrales, littéraires, musicales et chorégraphiques autour des notions de colonisation, de prise de pouvoir, de déroute, de résistance…

Destroy, Leyya Mona Tawil © Ricardo Esway
Destroy, Leyya Mona Tawil © Ricardo Esway

 

La performeuse et artiste conceptuelle Leyya Mona Tawil, née de parents syrien et palestinien à Détroit, porte en elle une force singulière. Elle est actuellement la directrice du DANCE ELIXIR et du TAC: Temescal Art Center à Oakland en Californie. En 2014, elle a été l’artiste à résidence du Pushkinskaya-10 à Saint-Pétersbourg. Destroy (présentée le 12 septembre) est une performance évolutive sur la destruction de la danse. Le mouvement, décousu, détruit, est mis littéralement en vrac. Les cinq danseuses (Manuela Tessi, Irene Cortina Gonzalez, Leah Katz, Akemi Nagao et Leyya Mona Tawil) et l’unique danseur (Fadi Waked) envahissent tout l’espace, rythmé par les cordes stridentes et les beats stressants de Mike Khoury et Dirar Kalash. L’ensemble évolue mécaniquement, contraint de chuter, sans cesse, comme si les corps étaient en transe : une fatalité épuisante à laquelle ils ne peuvent échapper.

Destroy débute face à ces danseurs, dos au public, qui vont et viennent, et butent dans un mur. Ils avancent, reculent et freinent sans voir ceux qui les attendent… ou savoir ce qui les attend. Puis ils chutent, s’écroulent et tentent de se redresser, de retrouver leur équilibre… un équilibre. Les têtes chevelues tournent dans les airs tels des derviches. Une performance imagée, poétique, poignante, mais illustrée par une gestuelle qui manque de concision. Pourtant, Leyya Mona Tawil, à travers cette répétition du mouvements, cherche à évoluer dans un état second, incontrôlable.

Atlas, Leyya Mona Tawil © Ian Douglas
Atlas, Leyya Mona Tawil © Ian Douglas

 

Dans Atlas également (présenté le 14 septembre), jamais le mouvement ne s’arrête, soutenu par une énergie débordante. Leyya Mona Tawil, en solo, est constamment attirée par le sol. Comme possédée, elle trouble par un enchaînement de roulades allant de cour à jardin. D’une tonicité extrême, son corps halète, se déconstruit. Emmenés par les accords entêtants du violon de Mike Khoury, l’espace sonore et sensoriel ne font plus qu’un. La pièce, considérée comme une « composition de la désorientation », est née suite aux événements de la guerre de Gaza en 2014. Une création vouée à exorciser sa haine et sa peur. Mais Atlas se veut aussi être en quête de pardon : tête baissée et mains au ciel, Leyya Mona Tawil immortalise le propos, laissant le public confus.

 

OÙ ET QUAND ?
AFTER THE LAST SKY. Ballhaus Naunynstrasse Berlin, du 9 september au 9 octobre 2016
Crédits Image de Une : Atlas, Leyya Mona Tawil © Alex Escalante

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