La parole aux lecteurs: Marishka découvre Preljocaj

CCCD donne la parole à ses lecteurs ! Cette semaine, Marishka nous raconte comment elle s’est retrouvée, un peu par hasard, un peu poussée par une amie, à découvrir la danse puissante et étonnante d’Angelin Preljocaj, au Palais Garnier.

Il y a quelques semaines, je reçois un mail de mon amie Mathilde, qui me somme d’acheter une place pour le ballet Preljocaj dès l’ouverture de la billetterie. Je m’exécute, et me voilà, le lundi 7 janvier, armée de mon billet, devant l’Opéra Garnier.

Nous voilà donc toutes les quatre, en ce frileux lundi de rentrée, à siroter un bubble tea en attendant le début de notre ballet fièrement acquis. Depuis l’entrée majestueuse du Palais Garnier, on entend déjà la sonnerie. On se précipite dans nos balcons respectifs, à peine le temps de s’habituer à notre écrin doré que la lumière s’éteint.  

 

Helicopter

Le rideau s’ouvre dans une atmosphère bleu piscine. Les danseurs, tels des nageurs bien alignés, s’élancent ensemble alors que la musique entêtante reproduit le vol d’un hélicoptère. L’onde suit leurs pas, ils dansent sur l’eau, et leurs mouvements se font plus saccadés. La danse se mue presque en art martial, en combat, je me rends compte que je retiens mon souffle comme à la fin d’un film lorsque l’héroïne et le héros s’effondrent, se relèvent malgré tout, et désamorcent la bombe, dans une course effrénée contre la montre.

 

Soudain tous les danseurs sortent de scène, la musique s’arrête, il ne reste sur les planches doucement éclairées qu’une danseuse aux longs cheveux noirs qui continue sa danse mélancolique et apaisante dans le silence déconcertant de l’Opéra.

 

Entracte

Tout le faste du Palais Garnier, BAM ! Ça contraste avec les décors dépouillés de Preljocaj.

Avec Valérie, nous nous arrêtons devant chaque balcon, chaque miroir… Tout est immense, doré et merveilleux. Grisées, nous retournous à nos places de velours rouge (mais certes, « à visibilité réduite » comme l’indiquent sournoisement nos billets…).

Ça recommence…

 

Eldorado

Les danseurs sont placés le long des murs, à intervalles réguliers,  chaque tête disposée au centre d’un soleil. « Ambiance Stargate« , me souffle Hélène.

 

Les premières minutes de danse se déroulent dans un silence aussi complet qu’angoissant. C’est le début d’un nouveau monde où la parole n’existe pas.

 

Enfin, des notes longues et soutenues viennent déchirer ce silence, tel un oasis dans le désert. On peut presque entendre l’Opéra reprendre son souffle. Les danseurs se cherchent, se rejettent, s’éparpillent en petits groupes au quatre coins de la planète, leurs corps torturés, étirés, entrelacés se répondent, se haïssent, se retrouvent. D’autres groupes se forment, d’autres héros et héroïnes sont portés par tous, puis jetés.

 

Puis chacun reprend sa place sous son soleil et se fige en statue de sel. La musique se tait et l’humanité des danseurs s’éteint avec.

 

Dans l’obscurité de la salle il ne reste que les soleils brûlants et l’empreinte étincelante de ces corps aux mouvements éphémères.

 

Rideau.

Métro.

Dodo. 

Marishka

 

A vous les studios, racontez-nous comment vous aimez la danse ! contact@cccdanse.com

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