La Biennale a fermé ses portes le week-end dernier et il y a comme un parfum de manque dans l’air tant les événements qu’elle propose animent Lyon et sa région pendant le mois intense où elle se déploie. Plus de 110 000 festivaliers y ont pris part lors de propositions qui alliaient spectacles en lieux dédiés, performances et projets participatifs hors les murs. Des nouveautés ont enrichi, s’il était besoin, la programmation notamment un dansathon qui proposait de rassembler pendant 72 heures dans trois villes européennes : Lyon, Liège, Londres des créateurs d’horizons différents pour mixer compétences et connaissances et explorer de nouveaux territoires à la croisée de la danse et de la technologie. À voir ici !

De même, le parcours danse connectée a attiré un nouveau public, peut-être plus curieux de la technologie que de l’art chorégraphique mais qu’importe, il était amusant de prendre part à la queue d’attente et d’y croiser une humanité disparate voulant découvrir ces drôles de casques qui vous plongeaient au milieu des danseurs.

Les spectateurs les plus aventureux pouvaient aussi s’affronter à la lenteur extrême de la danseuse performant dans le parcours Jérôme Bel, à cette occasion on pouvait pénétrer dans la chapelle de l’Hôtel-Dieu y savourer sa fraîcheur ombreuse en ces temps caniculaires et s’amollir sur la moquette orange en accord avec le costume de la danseuse qui dansait effectivement comme si personne ne la regardait. Une expérience sensorielle étrange due en partie à la bande son, dans un lieu insolite à la fonction détournée ou rendue à elle-même puisque la lenteur exige une forme d’installation et de communion pour percevoir et apprécier le mouvement.

Autre moment clé, le retour du Défilé en ville un moment de partage et de convivialité intense, un Défilé pour la paix comptant 4500 participants encadrés par 200 professionnels et auquel plus de 250 000 personnes ont assisté. Moment d’émotion lorsque les corps et les voix ont incarné Imagine de Lennon Place Bellecour…

Bref, la Biennale, on l’aime, on y trouve de quoi se nourrir, on y croise des classes entières dans les théâtres, des professionnels au Café de la danse où dans les moments de découverte qui leur sont réservés. Dans ce cadre, on a pu découvrir à travers le IADU (Initiatives d’Artistes en Danses Urbaines), programme de soutien à la jeune création en danse urbaine, le travail des artistes de son nouvel incubateur.

Associé à la Biennale ces chantiers en cours sont l’occasion, en un temps concentré, d’approcher le travail de jeunes chorégraphes à travers un extrait de leur dernière création. Quatre extraits de pièces étaient présentés, deux soli et deux duos : DIVIN@MEDIA.COM de Santiago Codon-Gras invite à la traversée d’un Enfer (d’après celui de Dante) constitué de médias, Pode ser de Leïla Ka est une réflexion sur ce qui définit notre identité, Alshe/Me de Linda et Mike Hayford, travaille la façon dont leur lien de fraternité impacte sur leur corps et leur danse, Syn.(pour synonyme) de Johanna Faye et Sandrine Lescourant, explore le lien d’amitié qui les lie à travers une complicité de chorégraphe et d’interprète.

Parmi ces quatre propositions, les trois premières citées nous ont réellement séduits, par la qualité des interprètes, l’originalité des écritures et la singularité du propos. La dernière nous a déçue, malgré les qualités physiques des deux interprètes le projet semble brouillon, peu abouti, comme un travail d’atelier préparatoire donné à voir, entre la performance ou le happening (vu et revu depuis son invention !) la prestation relevait plus du jeu privé entre les deux complices comme lors d’un entrainement ou d’un workshop en vue de …
Dernière belle découverte faite dans le cadre du Focus danse européen, le solo Janet on the roof chorégraphié par Pierre Pontvianne de la compagnie PARC pour Marthe Krummenacher. Un article lui est consacré que vous découvrirez ici !

Il faudrait aussi parler des expos, des rencontres avec les artistes, des ateliers de pratique, des échanges autour des événements, de toute cette richesse qu’engendre la Biennale et bien sûr des spectacles vus, ce sera fait dans un article à venir !
En attendant la prochaine Biennale, remercions ses organisateurs notamment la Maison de la danse de Lyon, continuons à vivre la danse, fréquentons les lieux dédiés et ceux qui ne le sont pas mais qui participent à sa diffusion. Soutenons les artistes où qu’ils soient par notre présence active d’amateurs et de spectateurs !
Image de Une, visuel du final du défilé 2018, chorégraphe Dominique Hervieu pour le final du Défilé – Imagine, Place Bellecour ©Louise Meizonnier.