Spectacle : (re)flux, compagnie Epiderme

Crédits photos : Olivier Humeau

(re)flux,  compagnie Epiderme

Chorégraphié par Nicolas Hubert, interprété par Nicolas Diguet, Nicolas Hubert, et Clint Lutes.

Musique live, composition : Bertrand Blessing.

 

« Une pièce qui ne raconte que le flux continu des corps qui la composent, leurs trajectoires dans l’espace, leur chevauchement, les actions des uns sur les autres : se (re)poussant, se (re)tirant, se (re)plaçant, se (re)tenant, se (re)posant… Explorant toutes formes de motricité (rouler, marcher, courir, sauter, ramper…), nous évoquerons l’inépuisable ressource du corps humain à avancer, esquiver, s’extraire, évoluer, scruter l’espace… Accumulations, répétitions, transformations, variations : autant de règles du jeu pour construire et déconstruire un continuum de mouvement, jusqu’à plus soif. »
Nicolas Hubert

Crédits photos : Olivier Humeau

Nicolas Hubert, chorégraphe et interprète répond à CCCD.

Considères-tu que la forme proposée au théâtre de la Ponatière consiste en un triptyque et si oui, comment s’est faite l’articulation entre les trois parties qui constituent au final un spectacle cohérent malgré la diversité des formes  (un danseur/performer en interaction avec le public, une performance sonore, une pièce chorégraphique sous forme d’un trio)?
NH. Il ne s’agit pas d’un triptyque. L’idée était de proposer au public une soirée entière, et je savais que (re)flux serait une pièce courte. J’ai donc pensé proposer le début de soirée à des interprètes de la pièce, pour qu’ils montrent des propositions dont ils sont les auteurs. Des « premières parties » comme ça se fait dans les concert de rock.

J’avais déjà vu le solo de Clint et je pensais bien qu’il conviendrait à la soirée, et j’ai découvert le solo de Bertrand deux jours avant la première ! Mais j’avais l’intuition que tout ça marcherait bien ensemble.

 

La juxtaposition de ces trois pièces signifie-t-elle qu’il y a comme un discours commun qui serait donné à voir ou s’agit-il de trois rapports au monde différents?

NH. Il n’y a pas à proprement parler de discours commun à ces trois formes, mais probablement une cohérence, due peut-être au fait que ces interprètes distillent aussi dans (re)flux quelque chose de personnel, et donc qu’on les y « reconnaît » après les avoir découverts dans leur proposition.

Je voulais aussi suggérer qu’une compagnie n’était pas forcément porteuse d’une seule signature, d’un seul chorégraphe, mais pouvait aussi être une structure permettant à plusieurs artistes de s’exprimer.

J’assume le fait de diriger des projets, et ma compagnie n’est pas un collectif, mais j’aime l’aspect collectif du travail de création, et je trouve intéressant de « présenter » mes collaborateurs de cette façon.

 

En ce qui concerne le trio, j’ai été frappée par des références implicites à l’histoire de la danse, (les déplacements très géométrisés sur le plateau, la répétition, les académiques, certaines façons d’entrer dans le mouvement, les jeux de lumière, l’environnement sonore, etc.) s’agit-il de simples clins d’œil ou te réclames-tu d’une filiation et si oui pourquoi est-ce important?

NH. Disons que ce sont des références qui sortent d’elles-mêmes, sans forcément qu’il soit volontaire de les nommer.

Ce qui nous influence transpire forcément de nous d’une façon ou d’une autre. C’est vrai que dans cette pièce on peut sentir une filiation avec la post-modern dance américaine (Trisha Brown, Lucinda Childs) : une certaine conception du mouvement, avec une notion de laisser-faire (le poids, notamment). Mais au delà des formes, c’est aussi une façon de voir le monde : voir l’art dans les plis du quotidien, et une certaine liberté d’esprit.

Le contact-improvisation a aussi influencé ce travail, même si on n’en retrouve pas forcément les formes les plus typiques.

Je ne me réclame pas d’une filiation particulière, car je me sens vraiment constitué d’une multitude de facettes, mais il est sûr que ces mouvances m’ont influencé, tant artistiquement que dans la construction de ma technique.

 

Crédits photos : Olivier Humeau

Tu es aussi formé aux arts plastiques or tu utilises un plateau nu, aucun décor, aucun accessoire simplement des jeux de lumière et un environnement sonore en live, est-ce un parti pris pour ce spectacle-là? Est-ce une réflexion sur les brouillages possibles qui peuvent parasiter le spectacle lorsque certains éléments sont très marqués (toile de fond très présente, praticables, vidéo, décors importants, etc.)?

NH. C’était surtout une envie d’essayer ! Toutes mes pièces précédentes étaient occupées d’objets scénographiques. En voulant remettre le mouvement au cœur du processus, j’ai aussi voulu lui laisser la place d’exister. En plus, sachant qu’on ferait la création à la Ponatière, l’espace était limité. Il y a aussi que d’habitude, la scénographie est la première chose qui me vient à l’esprit. Comme là, je n’intuitais rien de spécial, c’était l’occasion d’essayer le plateau nu.

 

Dernier point, comment s’est effectué le travail collaboratif notamment avec le musicien?

NH. Nous avons d’abord échangé des mots, par rapport à cette notion de flux, comparé nos premières intuitions, je lui ai montré les premières vidéos de répétitions avec les danseurs. Puis nous nous sommes donné rendez vous pour la dernière étape de création, à moins de trois semaines de la première. Bertrand s’est surtout imprégné de ce qu’il a vu pendant les répétitions, et fait des propositions. Nous avons déjà collaboré, et j’aime aussi son autonomie : nous nous sommes compris sans que cela ne passe que par le langage, c’est aussi ce que j’attends d’une collaboration artistique.

 

 Où et quand le (re)voir?

– jeudi 4 octobre 2012 à 20h,

– vendredi 5 octobre 2012 à 20h

à La Ponatière – scène conventionnée, 2, avenue Vaillant Couturier, 38130 Echirolles réservation : 04 76 400 505 / billetterie : www.larampe-echirolles.fr –

– samedi 24 novembre 2012 à 17h30, dans le cadre du concours (Re)connaissances à La Rampe, scène conventionnée, 15 avenue du 8 mai 1945, 38130 Echirolles réservation : 04 76 400 505 / billetterie : www.larampe-echirolles.fr

 

Entretien réalisé par Véronique Vanier en octobre 2012.

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