Les éditions La Découverte, viennent de publier l’ouvrage d’Emma Bigé, Mouvementements – Ecopolitiques de la danse, dans une nouvelle collection, intitulée Terrains philosophiques : « Pour chacun des terrains explorés dans cette collection, il s’agit de proposer une philosophie se frottant au terrain, se laissant chahuter par des études de cas. Et ici, de montrer que la danse est un espace privilégié pour penser nos mobilisations et leurs implications politiques »

Ancienne étudiante de l’École Normale supérieure, agrégée et docteure en philosophie, commissaire d’exposition, danseuse et enseignante en écoles d’art, Emma Bigé propose face à l’urgence écologique de nous rapprocher des autres créatures terrestres par : « une danse accueillante aux mouvements autres qu’humains »
« Il y a en moi des mouvements qui ne sont pas de moi, et qui me lient aux autres êtres, humains et pas qu’humains qui m’entourent. L’écologie, comme activisme et comme domaine d’étude, nous apprend à les pister. Dans les arts, la danse et la performance jouent un rôle privilégié dans l’affûtage de notre sentiment d’être traversées ou mouvementées par une multitude de forces autres qu’humaines. »
Nourrie d’auteurs et d’autrices engagées dans l’action écologiste, féministe mais aussi pratiquant depuis le terrain à travers ateliers et performances, Emma Bigé, nous ouvre des espaces de perceptions nouveaux. Forces telluriques, puissance du vivant quel qu’en soit l’échelle, écoute attentive du corps dans cette immobilité apparente de la petite danse de Steve Paxton, par exemple. Accueil de l’autre et de soi-même dans le contact improvisation où le peau à peau ouvre de nouveaux champs de tolérance et de compréhension : qu’est-ce qui me meut quand je danse ? Quelle économie de mon corps puis-je trouver afin d’accepter que comme le dit Donna J. Harraway, largement citée par Emma Bigé que : « Nous sommes toustes du compost ! » à la fois terreau fertile pour le fleurissement d’autres mouvements que les nôtres et plus trivialement comme tous les êtres vivants voués à la disparition. Trahison de la matière ou au contraire lien indéfectible qui nous lie avec le reste du vivant. La danse et la performance comme terrain d’exploration des sub-versions, des savoirs souterrains permettant de répondre à la question que l’autrice pose en début d’ouvrage : Comment ces sensorialités débordantes peuvent-elles être mises au service d’une désanesthésie de la sensibilité aux êtres autres qu’humains ?
Emma Bigé : Mouvementements, Ecopolitiques de la danse, La Découverte, Terrains philosophiques, mars 2023.
A noter lancement public de Mouvementements, le vendredi 17 mars de 19h à 21h, entrée libre, Lafayette Anticipations – Fondation Galeries Lafayette, 9, rue du Plâtre F-75004 Paris
Image de Une, Couverture de Mouvementements, Ecopolitiques de la danse, Emma Bigé, photographie de A. Livingstone dans & Trembling : a method for applied polyphony, festival Extension Sauvage 2017 crédit photo Richard Louvet.