Le Ballet du Capitole de Toulouse s’invite au Festival de Vaison-Danses, dans le Théâtre Antique.
Le Ballet venait présenter Valser, une création de la chorégraphe Catherine Berbessou. Comme son nom ne l’indique pas, Valser est en fait une pièce de… tango ! Surprise donc, pour une compagnie qui s’illustre normalement dans le ballet classique.
« Valser, c’est tout faire valdinguer » Catherine Berbessou.
Le tango « c’est une danse qui ne s’assimile pas tout de suite, dit-elle, car sa technique est très complexe. Mais lorsque je l’ai maîtrisée, je n’ai pas résisté à la tentation d’aller au-delà de la simple démonstration ». Sous la direction de Kader Belarbi, ex- danseur Etoile, chorégraphe et directeur du Capitole, la chorégraphe a ravivé cette pièce créée à l’origine en 1999.
Huit danseurs, quatre couples, jouent avec la fibre du tango : l’idée d’une confrontation induite dans cette danse oscillant entre machisme, tauromachie, rivalités et passions.
Ambiguïté aussi, entre la fragilité et la puissance, la violence et la douceur, l’amour et la haine.
Les jambes se croisent, se décroisent, sur un espace scénique entre une arène et un ring, tapissé de tourbe sèche, faisant voler la poussière et la terre à chaque pas enjoué. Cette terre qui donne un ton ocre à l’ensemble, tient une place prépondérante dans la chorégraphie. Elle enrichit cette proposition de tango de façon essentielle, et « correspond presque au bandonéon de la musique du tango argentin » (le bandonéon est un instrument de musique qui ressemble à un accordéon, beaucoup utilisé dans ce style de tango).
Matière vivante, les danseurs vont s’y glisser, s’y traîner, s’aveugler, et même s’y rouler. Heureusement, ce jour-là, il n’a pas plu à Vaison-la-Romaine, ni la veille.
Techniquement superbes, les danses sont d’une beauté captivante.
Les rapports hommes-femmes, au singulier et au pluriel, mais aussi hommes-hommes sont passés au crible. La dimension sensuelle, même sexuelle de certaine scène ajoutent à l’électricité de l’ambiance. « Cette danse est une quête viscérale autour de notre humanité. Elle est aussi le reflet d’une société, elle nous parle aussi bien de la solitude que du désir. C’est quelque chose de très fort sur le plan du relationnel ».
La danse pousse jusqu’à la violence, les danseurs se projettent les uns les autres, contre les murs à plusieurs reprises.
Les danseurs du Capitole se donnent dans un tango ultra maîtrisé avec tout le charisme nécessaire. Les silhouettes élancées, ciselées et souple des danseuses classiques n’enlèvent rien au spectaculaire, sublimées par la poussière et les particules soulevées.
On regrette, malgré cette maîtrise du sujet, les nombreux temps morts. Certaines séquences s’étirent en longueurs et captive avec difficulté le spectateur non spécialiste. Ce soir du 19 juillet 2015, une partie du public de Vaison a exprimé son mécontentement à haute voix. Dommage, car la matière, la virtuosité et la passion étaient bien là.
Heureusement la soirée a donné un bon prétexte pour l’organisation d’un apéro tango sur les places de la ville.
DISTRIBUTION
Le Ballet du Capitole, Kader Belarbi, directeur de la danse
Chorégraphe : Catherine Berbessou
Assistants : Federico Rodriguez Moreno et Isabelle Teruel
Scénographie lumières : Marc Oliviero
Bande son : Anita Praz
Musique : Jean-Sébastien Bach, Les Maîtres-tambours du Burundi, Dario Moreno, Giù per la mala via (louange anonyme du XVème siècle) et divers compositeurs de tango
Danseurs : Eukene Sagues Abad, Demian Vargas, Juliette Thélin, Valerio Mangianti, Julie Loria, Nicolas Rombaut, Julie Charlet, Takafumi Watanabe
Costumes : Cidalia Da Costa
DATES A VENIR
26 janvier 2016 : Compiègne (Espace Legendre)
30 avril 2016 : Istres (Théâtre de L’Olivier)