Chaque été depuis 2005, le festival Les Etés de la danse invite une compagnie étrangère à se produire sur les scènes parisiennes.
L’initiative tombe à point : lorsque les théâtres parisiens finissent leur saison, “les Etés de la danse” propose de découvrir une compagnie, un chorégraphe ou un interprète de renommée internationale – initiative plutôt rare en France. Après avoir fait la part belle aux compagnies d’outre-atlantique, avec entre autre le San Francisco Ballet, l’Alvin Ailey American Dance Theater, Mikhaïl Baryshnikov, ou encore la Paul Taylor Dance Company, c’est à une compagnie Européenne, le Ballet national de l’Opéra de Vienne, que le Festival donne carte blanche pour sa 9e édition.
Dirigé depuis 2010 par l’ancien danseur étoile de l’Opéra de Paris, Manuel Legris, le Ballet de Vienne fait partie de ces grands ballets européens que les écoles russes et de l’est de l’Europe viennent abonder en danseurs classiques d’exceptions.
Et c’est à peu près ce que le “Programme mixte” proposé par le Ballet vient démontrer. Quatre pièces, néoclassiques, aux qualités chorégraphiques très inégales, néanmoins sauvées par des danseurs de talents.
A Million kisses to my skin de David Dawson, ouvre le bal, et en jette plein la vue. Dextérité, technicité, virtuosité, souplesse – parfois bien trop, les cambrures des danseuses russes sont sans doute trop gymnastiques pour nos yeux élevés à la “tenue” française. En somme, des danseuses et danseurs à peu près irréprochables, techniquement parlant, et c’est déjà bien assez au vu de l’exigence gestuelle de la chorégraphie de Dawson – pur produit anglais, passé chez Forsythe, et ça se voit !

Après ces quelques 30 minutes d’éclairs dansés à cœur battant, le rideau s’ouvre sur deux pièces aux qualités chorégraphiques moyennes. Eventide d’Helen Pickett, puis Windspiele par Patrick de Bana.
La première peine à retenir l’attention : des costumes peu flatteurs, une gestuelle prolixe et orientalisante manquant plutôt de finesse font basculer le spectacle dans la démonstration.
La seconde ne sauve pas la mise. Une construction abstraite sur le concerto pour Violon de Tchaïkovksi parvient guère à emporter le spectateur, malgré une danse masculine remarquable.

Wiener Staatsballett – Michael Pöhn

Vers un pays sage de Jean-Christophe Maillot vient clore fort heureusement la soirée en beauté.
Une pièce tout en éclats néoclassiques, riche en styles, en nuances, finesses et beaux pas de deux. Cette pièce fait briller certaines stars du ballet : la sublime Olga Esina, notamment qui retient seule le regard du public, un physique hors norme et une technique d’acier.

Programme mixte contrasté au final, mais pas inintéressant du point de vue de la création néoclassique actuelle, sans doute manque-t-elle aujourd’hui un peu de renouveau ?
Sans doute aussi, le Ballet de Vienne emportera-t-il l’adhésion avec un grand classique: Don Quichotte, programmé à la suite de ce programme du 17 jusqu’au 27 juillet.
A découvrir en tout cas, pour les amateurs de danse classique, ne serait-ce que pour admirer ces danseurs à la pratique bien différente de l’école française, mais à la virtuosité pas moins admirable.
Quand ?
Du 4 au 27 juillet 2013
Où?
au Théâtre du Châtelet, 2 rue Edouard Colonne, 75001 Paris – 01 40 28 28 28
Info et réservation
Sur le site des Etés de la danse
Poursuivre l’expérience…
Cette saison les Etés de la danse sont placés sous le signe de l’hommage à Rudolph Noureev.
- En parallèle des représentations au Châtelet, le Festival organise un stage de formation “autour de Rudolf Noureev” dont on vous a parlé ici.
- Le Cinéma Le Balzac, organise jusqu’au 21 juillet un festival de films sur Noureev, en partenariat avec le Département Cinémathèque de la Danse du Centre national de la danse.
- Enfin, en partenariat avec le Centre national du costume de scène de Moulins, une exposition de costumes et photos “Sur les pas de Rudolf Noureev” est présentée au Théâtre du Châtelet.
- Manuel Legris était l’invité de l’émission Le Grand Bain sur France Inter : réécouter cette émission.