Toula Limnaios reprend short stories, créé en 2005. Cette pièce divisée en saynètes n’a aucunement perdu de son intensité. De duos et solo s’échappe un éventail de courtes histoires personnelles au cours desquelles les corps et les âmes se délient et se relient, entre osmose et éloignement, tendresse et isolement. Une radioscopie des relations rythmée par les sons foisonnants et futuristes de Ralf R. Ollertz, alliant bandonéon, percussions et collages électroniques.

La chorégraphe aime souligner, dessiner dans le détail les émotions en utilisant la répétition et la symétrie comme outils d’écriture : Katja Scholz et Hironori Sugata se côtoient et se déchirent. Leurs chairs s’enlacent, leurs corps s’effondrent. Le mouvement est doux et saccadé à la fois. Puis, la lumière vient jouer un rôle primordial dans ces relations amoureuses tendues. Les danseur.ses sont attirés par deux abat-jours, magnétisés par ce faisceau lumineux. Les corps s’ondulent et se contorsionnent en harmonie avec la lumière. Les lampes, basses, tournoient autour des protagonistes, et la lumière devient alors un obstacle à éviter.
Dans le solo exténuant de la petite Priscilla Fiuza, la gestuelle est particulièrement examinée. Répété, accéléré, épileptique, le mouvement gagne en intensité mais jamais ne perd en imagination. Fiuza tente de trouver des repères, qu’elle marque au sol à l’aide d’une craie. Elle redémarre pour finir en transe, puis s’arrête net face à Ralf.

Daniel Afonso et Karolina Wyrwal envahissent ensuite l’espace en descendant et en remontant une diagonale. Elle le soutient pendant qu‘il s’exprime avec véhémence à travers son torse. Un duo contrebalancé qui traduit avec justesse la dépendance du couple. Wyrwal, enfin, se retrouve la tête coincée et enroulée par le bras de Afonso : un tango passionné qui mêle aisance et vraisemblance.
Le mouvement se calme, la lumière se tamise pour se focaliser sur une nouvelle matière : le bas de jambes éloquent de Katja Scholz. L’image est touchante et peut faire songer à un couple en pleine séduction. Un cou-de-pied aussi sculpté que sexy pour un final tout en poésie. Que de grâce !
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OÙ ET QUAND ?
short stories, Halle Tanzbühne Berlin, du 2 au 5 février 2017
Crédits Image de Une : © Dieter Hartwig