Voici un spectacle qui ne peut laisser indifférent tant il vous capte les yeux, le souffle et les tripes.
Cirque, danse, théâtre, sans doute, mais bien d’autres choses aussi dans cette pièce, à la fois dépouillée et totalement habitée par un plancher qui semble animé par une vie propre. Plancher radeau, mur, tourniquet, balançoire, planche de salut ou pendule meurtrier, on est hypnotisé par les capacités mobiles du dispositif inventé par Yoann Bourgeois.
On ressent les forces qui se déploient sur ce plateau et qui traversent le corps des artistes, on lutte, on s’agrippe comme eux pour rester debout contre vents et marées.
On voyage d’un univers à l’autre avec ce condensé d’humanité, courageuse et pathétique mais toujours têtue dans sa volonté de ne pas tomber, même si…
Selon les références littéraires ou artistiques de chacun, Celui qui tombe nous entraîne d’un univers à l’autre, on pense bien sûr au Radeau de la méduse mais aussi à L’enfant penchée de la BD éponyme de Schuiten et Peeters ou encore à La Horde du contrevent d’Alain Damasio, roman dans lequel un groupe d’individus a pour seul but de parcourir un monde balayé par les vents en se heurtant frontalement aux courants aériens.
Il y a ainsi des moments magiques quand les corps se ploient, se meuvent, s’éloignent ou se rejoignent sous les forces nées du plancher mobile. Les forces se lisent dans une épure des formes qui ne pré-existent jamais, les corps réagissent à ce qui les traverse. Leçon de physique, où équilibre, gravité, ballant, force centrifuge viennent perturber les sens des artistes et des spectateurs.
Prise de risque, qui va au-delà de l’engagement des corps dans un environnement périlleux, qui se dérobe ou devient traître sous des airs de balançoire débonnaire. Prise de risque dans l’invention d’une nouvelle forme de théâtralité, ouverte à tous les possibles où les circassiens dansent sur My Way ou chantent un extrait de Didon et Enée de Purcell. Naissance d’une poétique, puisant ses sources tant dans la fragilité de l’humain que dans ces capacités à s’adapter. On sort du spectacle, chamboulé, tourneboulé, le corps traversé par d’étranges sensations vertigineuses, on est béat devant la performance physique des artistes et la délicatesse de certains tableaux et celui qui tombe c’est le spectateur, aspiré par une nouvelle forme d’écriture scénographique.
Celui qui tombe conception, mise en scène et scénographie Yoann Bourgeois, assisté de Marie Fonte.
Interprètes : Jean-Baptiste André, Mathieu Bleton, Julien Cramillet, Marie Fonte, Elise Legros, Francesca Ziviani.
Celui qui tombe en tournée
23 octobre 20h30 et 24octobre 2015, 19h30 MC2 de Grenoble
06 et 07 novembre 20h30, Théâtre de Sénart, scène nationale, Sénart
13 et 14 novembre 20h30, Le Parvis, Tarbes
17 novembre 19h00, 18 et 19 novembre 20h30, Le grand R, scène nationale, La Roche-sur-Yon
24 et 25 novembre 20h30, La Coursive, scène nationale, La Rochelle
14 décembre 20h30 et 15 décembre 19h30, MCA, Maison de la culture, Amiens
18 et 19 décembre 20h30, L’Apostrophe, Cergy-Pontoise
19 au 23 janvier 2016, Théâtre National de Bretagne, Rennes
27 et 28 janvier, Montpellier Danse, Montpellier
3 au 6 février, London International Mime Festival, Londres
18 et 19 février, Dansen Hus, Stockholm
4 et 5 mars, La Passerelle, Gap
10 au 12 mars, Cirque-Théâtre, Elbeuf
17 au 19 mars, Lieu Unique, Nantes
23 et 24 mars, Théâtre d’Angoulême
30 mars au 1er avril, Festival Spring, Théâtre de Caen
7 au 13 avril, Le Centquatre, Paris
26 au 27 avril, Anthéa, théâtre d’Antibes
Pour en savoir plus sur le spectacle et la Cie Yoann Bourgeois.
Image de Une, Celui qui tombe, Cie Yoann Bourgeois, photo © Geraldine Aresteanu.