Atropos, reprise avec musique live, Cie Lanabel.

 

La pièce Atropos de la cie Lanabel (Annabelle Bonnéry et François Deneulin) a été créée en janvier 2015 à l’Hexagone, Scène nationale, Arts Sciences de Meylan. En novembre dernier, le CCN de Grenoble ouvrait ses studios à la compagnie pour un filage public de la pièce avec la présence des musiciens sur le plateau.

Atropos, Cie Lanabel, Annabelle Bonnéry, Maëlle Adrien Boissonnet (c)
Atropos, Cie Lanabel, Annabelle Bonnéry, Maëlle Desclaux,  Adrien Boissonnet (c) Antoine Conjard.

Atropos est né d’une rencontre entre les membres de la compagnie et les habitants du village de Sélé Bodialédaga, rencontre culturelle et humaine qui les amène à s’interroger sur les conditions de nos vies à partir de leur immersion dans celle du Burkina Faso d’aujourd’hui. Quel rapport avons-nous au temps ? Que nous apprend l’apparente lenteur africaine ? Comment tissons-nous nos liens à ce temps, à l’espace environnant, aux autres dans leur étrangeté et aussi dans la fascination qu’ils peuvent exercer par un rêve d’exotisme. Cet exotisme est présent sur le plateau à travers les magnifiques sculptures de l’artiste burkinabé contemporain Abou Traoré. Leurs formes reconnaissables nous renvoient à des objets ethnographiques et nous plongent simultanément dans la modernité qu’elles dégagent. Objets mystérieux aux multiples sens, réceptacles de la complexité et des tensions humaines.

La pièce commence comme une réunion sous l’arbre à palabres, les voix enregistrées, les sons du village, le rythme lent tout nous y installe, mais les corps des danseurs impactés par la musique jouée parfois au milieu d’eux les entraîne sur un chemin d’interrogations qui se termine en manifestation rock et revendicative.

Atropos, Annabelle Bonnéry (c) François Deneulin.
Atropos, Annabelle Bonnéry (c) François Deneulin.

Atropos est une pièce exigeante, danse de précision dans les gestes, accompagnée d’une rigueur millimétrée dans les déplacements sur le plateau très largement occupé de sculptures. Nécessité de laisser les corps accueillir les musiciens sur le plateau et de laisser résonner leur présence et celle de la musique d’une façon nouvelle sans perdre le continuum chorégraphique. Vivacité corporelle demandant une grande énergie alternant avec des moments de silence assez longs. Ces silences exigent du spectateur d’entrer dans une autre logique de construction du spectacle, d’accepter des temps de décantation, de réflexion, de repositionnement, de suivre les personnages dans leurs propres explorations. Comment faire coexister, cohabiter, des univers et des cultures différentes ? Que faire de l’étrangeté de l’autre ? C’est sans doute ce que tente de résoudre un des personnages de la pièce, en amassant progressivement toutes les sculptures du plateau dans un espace circonscrit et d’en faire une sorte de cabinet de curiosités qui… ne résout rien.

La question posée par la Cie Lanabel résonne fortement en ces temps de repli communautariste : « Pouvons-nous faire de nos cultures et de nos différences une force pour nous enrichir, retrouver nos identités, nos familles et un moyen pour nous rencontrer ? ». Une façon d’y répondre est donnée sur le plateau avec l’acceptation des ajustements nécessaires entre musiciens et danseurs, entre vocabulaire contemporain et emprunts traditionnels qu’il s’agisse de gestes ou d’instruments !

Atropos – Trailer from Fabien Plasson on Vimeo.

Atropos

Conception : Annabelle Bonnéry et François Deneulin / Chorégraphie en collaboration avec les interprètes : Annabelle Bonnéry / Danseurs : Annabelle Bonnéry, Maëlle Desclaux et Adrien Boissonnet / Composition musicale : Thierry Ronget / Musiciens : Thierry Ronget, Jean-Pierre Sarzier et Jérôme Vion / Scénographie et lumière : Francois Deneulin / Sculptures : Abou Traoré (Burkina-Faso) : Costumes : Kathy Brunner (Suisse) /Personne ressource au Burkina-Faso : Vincent Millogo (Burkina-Faso).

 

Les trois prochains rendez-vous de la Cie Lanabel

 

Performance dansée autour de l’exposition de sculptures de  Jérôme AussibalInstantané #2 avec Annabelle Bonnéry,  Jean-Pierre Sarzier et un groupe d’amateurs en danse. sera présentée mardi 8 décembre à 19h, à l’Espace Aragon. Entrée Libre.

 

Les pieds sur terre
Les pieds sur terre, création de la Cie Lanabel au sein de l’INSA Lyon (c) François Deneulin.

Les pieds sur terre, création pour 25 étudiants de l’INSA Lyon – section danse études accompagnée par 7 étudiants des sections arts-plastique, musique et technique études. Première le 4 avril 2016 au Festival Chaos Danse – Astrée à Villeurbanne.

Les pieds sur terre, création de
Les pieds sur terre, création de la Cie Lanabel au sein de l’INSA de Lyon (c) François Deneulin.

Résidence de recherche en mai 2016 aux Grands ateliers de Villefontaine/AMACO pour la création 2017 : solo Terre et duo Two, seul entre le chorégraphe Burkinabé Salia Sanou et Annabelle Bonnéry.

Pour en savoir plus sur la compagnie c’est ici.

Image de Une, Atropos, Annabelle Bonnéry,  Cie Lanabel crédit photo Antoine Conjard.

 

 

 

 

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