Recherche et partage, les labos de chorégraphes de CitéDanse

Je danse, tu danses, je t’accueille, on explore, on partage, voici en quelques mots la philosophie de ces laboratoires de chorégraphes proposés par le nouveau collectif CitéDanse. Comment l’idée de cette proposition a-t-elle germé au sein du collectif ? 

La difficulté de trouver des lieux de pratique autres que lors des résidences de création, les a conduit à l’idée qu’en mutualisant les lieux d’accueil partenaires et en assumant un nomadisme territorial, ils pourraient sans doute créer un réseau de lieux, sur la région grenobloise,  acceptant de les accueillir pour une semaine de recherche entre chorégraphes et groupe de stagiaires professionnels.

Cette idée de la nécessité d’un espace de recherche, où la pratique en groupe pourrait se faire sans la pression d’une production finale s’est révélée commune aux cinq chorégraphes du nouveau collectif.

Ils ont pu, malgré la situation sanitaire, donner un premier laboratoire de chorégraphes en octobre dernier, nous sommes revenus avec eux sur cette semaine d’expérimentation et de partage.

Laboratoire de chorégraphes octobre 2020 CitéDanse tous droits réservés.

Pour ce premier laboratoire l’idée était que le plus grand nombre de chorégraphes du nouveau collectif puisse participer afin de se faire connaître auprès de la communauté dansante et du public de la région ainsi Julie Callet (Cie Confidences), Geoffroy Durochat (Cie Nextape), Nicolas Diguet et Ximena Figueroa (Cie Kay), ont chacun accompagné une journée, Annelise Pizot (ex Cie Aux pieds levés), était en résidence de création mais a participé à la soirée de présentation publique ainsi qu’Anne-Marie Pascoli (Cie Pascoli), sixième chorégraphe du collectif, une des fondatrices du premier CitéDanse, qui animait la table ronde sur le thème de ce premier laboratoire : la relation interprète/chorégraphe.

Les retours sur expérience sont très riches et souvent communs : l’importance de la recherche, l’enrichissement dû à la mixité des pratiques (Contemporain, Break, Qi Gong, sans parler du passé classique de certains danseurs contemporains), assoient le constat que le laboratoire permet la rencontre d’univers très différents, de corps travaillés par des techniques spécifiques qui rendent parfois complexes la transmission des demandes auprès des participants.

Laboratoire de chorégraphes octobre 2020 CitéDanse tous droits réservés.

On est là au cœur de la relation chorégraphe/interprète, au cœur de questionnements possibles grâce à ce format de laboratoire.

Échauffement ouvert le matin, travail avec les autres chorégraphes et des participants l’après-midi, rendu public à la fin de la semaine lors d’ateliers performatifs commentés par les chorégraphes puis discussion avec le public.

Une pratique réflexive qui a rencontré un vrai succès auprès des participants et du public. 

Côté participants, les danseurs ont fortement apprécié, ce temps de recherche entre professionnels, la chance et le challenge de travailler avec quatre chorégraphes aux univers particuliers sur un temps bref. Une formation qui se fait rarement sous cette forme, puisque les chorégraphes ont aussi joué le jeu de passer stagiaire au cours de la semaine. Est né de ce premier laboratoire un groupe de participants cohérent, attiré par la qualité et la nouveauté de l’offre et le prix solidaire demandé. Plusieurs stagiaires projettent de participer aux laboratoires suivants.

Laboratoire de chorégraphes octobre 2020 CitéDanse tous droits réservés.

Côté chorégraphe, chacun a ressenti ce premier laboratoire de façon très personnelle pourtant les mots sont communs : luxe, chance, d’avoir pu se rencontrer, travailler avec un groupe de professionnels ou de danseurs très confirmés, enrichissement et nourriture autour des matières partagées et découvertes, moments précieux et rares d’échanges entre chorégraphes, entre danseurs et avec le public qui a pu découvrir la face cachée du travail chorégraphique lors de la restitution publique. Pendant une semaine, ce laboratoire a fait vivre un espace de liberté créative, d’expérimentation sans clôture du travail, sans nécessité de production. Un espace qui oblige parfois à sortir de sa zone de confort, à trouver un langage commun de transmission, qui a nécessité ou provoqué un va et vient entre sa propre matière et celle des danseurs, amenant parfois à un brouillage de la limite chorégraphe/interprète ou dévoilant la nécessité d’affirmer sa posture.

Il est beau d’entendre ces différents témoignages qui réaffirment le pouvoir de la confrontation amicale, de la mutualisation et de la gratuité de l’action, ici tout est au service de l’artiste et de son cheminement créatif. 

Laboratoire de chorégraphes octobre 2020 CitéDanse tous droits réservés.

Voici quelques phrases retenues : “le luxe d’avoir le temps de se retrouver face à une impasse et de devoir s’extirper de sa zone de confort”, “la nécessité de passer parfois par la déconstruction de ses propres chemins de corps pour s’ouvrir à d’autres univers”, “accepter un espace de transgression qui permet un surgissement créatif chez l’interprète”, “aider les corps à traverser d’autres univers”, “voir se concrétiser dans le corps d’un autre sa proposition”, “se mettre en lien autour de la danse et développer un espace d’intimité à travers une cohésion de groupe”, “le challenge et la réussite d’emmener des danseurs venant d’autres techniques à s’approprier ta propre matière”, “goûter à l’expérience de la recherche pure, consolider les liens entre les nouveaux acteurs du collectif”, “offrir au public l’espace privé de la relation chorégraphe/interprète”, “orienter le regard du spectateur par les consignes données aux danseurs”, “créer un focus qui donne une meilleure compréhension du travail et humanise la danse”, “une fenêtre ouverte sur les corps au travail et non sur une performance aboutie”…

Laboratoire de chorégraphes octobre 2020 CitéDanse tous droits réservés.

On retiendra aussi de  ces entretiens la continuité d’action, et la volonté de cohérence du Collectif quant à ses propositions. Propositions territorialisées sur la région métropolitaine et égrenées tout au long de l’année sous différentes formes, laboratoires, mix and trains et festival en juin prochain qui est conçu comme l’aboutissement d’une année de travail et de présence sur le territoire. En effet, ce festival invitera tous les chorégraphes accueillis pendant la saison et proposera des échauffements publics, des workshops et des performances in situ…nomadisme oblige ! Une façon assumée de faire aussi sortir la danse des lieux dédiés et d’irriguer l’espace public de sa présence, et de combiner dans un même projet le temps bref des différents labos et le temps long de la gestation du festival.

Laboratoire de chorégraphes octobre 2020 CitéDanse tous droits réservés.

Quelques souhaits aussi pour la mise en place des prochains laboratoires, disposer d’au moins deux jours de présence pour chaque chorégraphe, élargir le réseau aux différents danseurs chorégraphes du territoire grenoblois et au-delà en invitant des compagnies régionales, asseoir un réseau de partenaires dans la cité grenobloise et ses environs afin que le nomadisme du collectif ne soit pas synonyme de précarité d’action. Inclure dans la semaine des ateliers d’accompagnement à la professionnalisation et au développement des artistes qui sont proposés par Sabrina Mazzone (association Plumbago) autre membre de CitéDanse. Associer d’autres acteurs en danse du territoire pour des collaborations. Fidéliser un public intéressé par découvrir la danse au-delà des spectacles.

Laboratoire de chorégraphes octobre 2020 CitéDanse tous droits réservés.

CitéDanse a aussi l’ambition de garder des traces de ses différentes interventions sur le territoire, de collecter par différentes voies les témoignages des chorégraphes invités, des stagiaires participants et du public. Cette collecte doit nourrir le festival à venir et documenter le travail réalisé. Une façon de prolonger l’action physique en matière de réflexion !

Pour connaître les prochaines activités du Collectif CitéDanse c’est ici ! Si les conditions sanitaires le permettent le prochain Mix and Train aura lieu le 3 décembre de 9h30 à 12h à la MJC Nelson Mandela, 30 rue de la Liberté, 38600 Fontaine. Et le prochain Laboratoire de chorégraphes du 14 au 17 décembre 2020, MJC Nelson Mandela, 30 rue de la Liberté, 38600 Fontaine. Inscriptions obligatoires ici !

Image de Une, visuel pris lors de la soirée publique du laboratoire de chorégraphes, octobre 2020, Collectif CitéDanse tous droits réservés.

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