Un projet original : Qui veut tuer Madonna ?

On pourrait croire qu’il s’agit du titre du dernier polar à la mode ou d’un roman de la rentrée littéraire, pas du tout ! Qui veut tuer Madonna ? C’est un nouveau concept de spectacle, un concert chorégraphique et participatif que les grenoblois ont eu la chance de découvrir il y a quelques mois.

Cinq danseurs, deux musiciens, une sorte de clin d’œil à l’icône pop qu’est Madonna, une subversion joyeuse du spectacle chorégraphique contemporain qui s’interroge sur la longévité de la star, sa popularité trans-générationnelle et sa capacité à embarquer le public.

Qui veut tuer Madonna ? Cie Confidence, crédit photo Jean-Pierre Peyrin.

Une musique aux influences jazz-électro en live, des danseurs qui prennent le risque de jouer avec le public et une jeune compagnie dont l’énergie est communicative.

Qui veut tuer Madonna ? Compagnie Confidence

Rencontre avec Julie, chorégraphe, et Bruno, un des interprètes.

Comment est née cette idée de concert/chorégraphique ?

Julie : on est partis du constat qu’une artiste très populaire comme Madonna a été capable de séduire pendant 30 ans des générations très différentes au-delà du style, de l’âge et des convictions artistiques. Nous nous sommes interrogés sur cette culture populaire, afin de comprendre comment elle fait sens au point de rassembler les foules. Puis l’idée est venue qu’articuler musique festive et danse contemporaine pouvait aller au-delà d’un spectacle et que pouvait surgir un plaisir à partager en embarquant le public dans la danse. C’est ainsi qu’est né ce concept de concert/chorégraphique participatif pour cinq danseurs et deux musiciens, avec le projet de rendre la danse accessible au plus large public possible déborder du public de danse habituel, et assortir ce concert chorégraphique d’un aspect participatif en le prolongeant, éventuellement, par un bal ouvert.

Comment avez-vous travaillé pour concevoir la pièce ?

Julie : On est vraiment partis des sons de Madonna, très festifs et énergiques et c’est cela qui a inspiré les premières choses que l’on a créées en danse. Parallèlement, c’est la rencontre avec deux musiciens et une volonté commune de créer quelque chose qui puisse faire danser un maximum de monde.

Bruno : l’écriture chorégraphique est vraiment née des musiques de Madonna, et la création musicale des deux musiciens est arrivée ensuite. Pour les danseurs, c’était vraiment travailler dans le plaisir et sans  « prise de tête ».

Qui veut tuer Madonna ? Cie Confidence, crédit photo Jean-Pierre Peyrin.

 » Sans prise de tête » mais lorsqu’on assiste à votre pièce, il y a beaucoup de travail, notamment des portés…

Julie : oui, j’avais des lignes directrices assez précises, je voulais qu’on travaille sur le rebond car j’ai remarqué que lorsque des gens qui ne sont pas danseurs se lâchent et se mettent à danser cela donne l’impression qu’ils rebondissent, donc le premier tableau de la pièce est construit sur cette qualité de rebond. Et au fur et à mesure de la construction de nouvelles idées ont surgi comme dans le trio des portés, où la danseuse avait la consigne de se laisser aller entre les deux danseurs qui la portent d’où ces va-et-vient. De la même façon, pour un tableau on a utilisé le chant, ce qui était indispensable pour moi parce que chantonner fait aussi partie de nos modes d’expression. En fait, l’abondance de pistes était telle qu’il a fallu faire des choix pour donner une évolution intéressante à la pièce. On a aussi utilisé les compétences de chacun, on a travaillé les rapports de couple à travers des pas de base qu’un des danseurs qui pratique le tango argentin nous a donné et puis on termine par un tableau explosif et un peu déjanté avec des rencontres entre danseurs et musiciens voire avec le public. On avait envie que la fin soit très visuelle, très énergique et que cette énergie joyeuse se diffuse dans le public.

Qui veut tuer Madonna ? Cie Confidence, crédit photo Jean-Pierre Peyrin.

Vous avez donné deux fois cette pièce et vous êtes à la recherche de nouvelles dates y compris dans des lieux assez insolites puisque après vous avoir joué dans un festival en plein air et dans l’enceinte d’un musée, vous êtes prêts à jouer dans des campings, des boîtes de nuit …

Bruno : l’idéal c’est un plateau de 8 mètres par 6 mais on peut descendre jusqu’à 7 mètres par 5, les musiciens sont sur scène à l’avant et se font face, on ne peut donc pas descendre en deçà mais on est capable d’adapter en fonction du lieu et des opportunités qui se présentent. Les défis ne nous font pas peur.

Julie : l’idée c’est de toucher un public très vaste, de pouvoir s’adapter à des scènes différentes et de trouver un public qui est aussi celui des concerts. Je vois beaucoup de spectacles de danse et je remarque souvent que les gens restent enfoncés dans leur siège, réagissent peu, alors que lorsqu’on va au concert, y compris des petits concerts sur des scènes locales, les gens ressortent avec des grands sourires ont l’air heureux et c’est aussi ça qu’on aimerait apporter à nos spectateurs. Je trouve qu’on apprend beaucoup de l’expérience de la scène qu’ont les musiciens qui est bien différente de celle des danseurs. Ils embarquent beaucoup plus leur public que ce que nous sommes capables de faire et en travaillant sur l’articulation danse/musique c’est à cela que j’aimerais arriver : retrouver le plaisir de la danse.

Cette articulation entre danse et musique n’est pas nouvelle pour vous…

Julie : non, dans le cadre de la compagnie Confidences, je collaborais déjà avec les deux musiciens pour un autre projet. Ce lien entre la danse et les musiciens sur scène m’intéresse depuis longtemps, et pour ce concept de concert /chorégraphique, j’avais les musiciens et j’ai la chance de pouvoir compter sur des amis qui sont de très bons danseurs. C’est une histoire de feeling et d’amitié entre des gens qui avaient envie de s’investir dans ce projet.

Bruno : désormais, il y a aussi l’idée d’un devenir du projet, on souhaite un futur pour cette compagnie. Au départ elle regroupait des amateurs et des semi-professionnels et aujourd’hui nous sommes tous des professionnels, danseurs, musiciens, chorégraphe. Notre statut nous a imposé certaines contraintes, la plus forte étant de trouver du temps pour créer et répéter. Nous sommes huit sur ce projet et trouver les bons créneaux pour chacun n’est pas simple sachant que nous travaillons dans toute la France. Nous nous retrouvons surtout les week-ends mais comme c’est aussi une histoire d’amitié et d’entente entre nous, le projet s’est monté très rapidement, l’entente et la motivation sont telles que jusqu’à présent on a toujours donné de notre temps avec plaisir. Ce projet nous tient vraiment à cœur, il n’y a pas de hiérarchie entre nous et je pense que ça se voit y compris sur scène. Notre souhait maintenant est de trouver des producteurs, des programmateurs et des subventions.

Julie : oui, on est tous très enthousiastes autour de ce projet, que ce soit les musiciens, les cinq danseurs et moi-même, on a envie de le faire évoluer et de le diffuser au maximum.

Qui veut tuer Madonna ? Cie Confidence, crédit photo Jean-Pierre Peyrin.

Qui veut tuer Madonna ? Concert chorégraphique

La pièce dure 35 minutes, possibilité de poursuivre le spectacle par un bal participatif.

Chorégraphie : Julie Callet et les interprètes

Interprètes : Sandra Baup, Sylvain Beauchamps, Lauriane Madelaine, Bruno Maréchal et Joan Vercoutere

Musiciens : Matthieu Budin et Hugo Vinit

Si vous êtes intéressés, contactez : la Cie Confidences

Julie Callet : 0630393099

cieconfidences@hotmail.fr

Image de Une, Visuel du spectacle, crédit photo Jean-Camille Goimard.

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