Paroles d’artiste : Geoffroy Durochat, artiste mais pas que…

Il y a de jeunes chorégraphes dont la discrétion vient des multiples engagements qu’ils assument. Geoffroy Durochat est un de ceux-là. Après des études universitaires en marketing, qu’il poursuit tout en s’adonnant à la danse hip-hop, il s’oriente très vite vers le milieu associatif dans lequel il a baigné auprès de son père, et reprend l’association Espace Hip-hop qui deviendra ensuite l’association et la compagnie Nextape basée à Pontcharra et dont il est un des chorégraphes.

Geoffroy Durochat lors d’un festival Who got the flower ? (C) HK visuals.

Geoffroy considère que ses activités professionnelles ont longtemps été distribuées entre quatre pôles : l’associatif, la transmission à travers les cours qu’il proposait, la création au sein de Nextape et en tant qu’interprète pour d’autres projets artistiques et la compétition puisqu’il continue à participer à la ronde des battles européens qui rythme l’agenda des performeurs techniques que sont les hip-hopers. Depuis un peu plus d’un an, il fait aussi partie du nouveau Collectif d’artistes CitéDanse, une belle façon de partager pratiques et talents et de mutualiser les ressources.

Et des ressources, Geoffroy en a ! Organisateur ou coordinateur de toute une série d’événements dans la vallée du Grésivaudan qu’il fédère autour de Nextape. De février à Pâques, les jeunes qui veulent découvrir la culture hip-hop autour de Pontcharra peuvent le faire à travers un breaking camp qui leur permet pendant les vacances de février de découvrir la culture hip-hop (danse, musique, graphs et rap), 120 élèves de la vallée participent à ces événements. En mars un battle junior est organisé dans des conditions professionnelles (animateur, dj, jury) afin que les jeunes se confrontent réellement avec l’univers de la compétition, en avril,  durant la première semaine des vacances de Pâques, les jeunes peuvent s’inspirer auprès de leurs aînés lors d’un Flower tour qui a lieu du samedi au mercredi suivant ;  chaque fin de journée leur offre une initiation à la culture urbaine à travers des ateliers de pratiques et en soirée un plateau partagé entre les participants (les scolaires qui ont bénéficié des cours dispensés par les danseurs et chorégraphes de Nextape) et le groupe des jeunes de la compagnie. Puis du jeudi au dimanche suivant a lieu le festival Who got the flower ?! proprement dit, qui pendant 4 jours propose des masterclasses, des battles, des représentations et des soirées festives.

Geoffroy Durochat au milieu de jeunes participants (c) Claire Dufféal.

Who got the flower ?! est devenu une référence pour les danseurs hip hop et sa réputation dépasse largement le cadre régional. Le travail de Nextape se poursuit en juillet à travers un Summer camp qui accueille les jeunes pendant une semaine. Une belle façon de transmettre la culture et la danse hip-hop. Cette question de la transmission, Geoffroy Durochat la porte depuis 13 ans, même si aujourd’hui il a dû renoncer à donner des cours au sein de l’association, il continue son action à travers l’organisation de Who got the flower ?!, et des camps d’initiation autour du festival. Lorsqu’on lui parle de transmission, il répond responsabilité. Transmettre implique un engagement auprès du public concerné et non une simple présence.

Festival Who got the flower ? (c) HK Visuals.

Cette responsabilité de la transmission, il l’exerce aujourd’hui comme assistant chorégraphe auprès de Jann Gallois, artiste pour laquelle il est aussi interprète dans le spectacle Reverse. Jann Gallois lui a proposé de transmettre, en duo avec Marie Marcon, sa pièce Mandala, pièce proposée en première partie de Reverse lors d’un plateau partagé pendant la tournée. Dans chaque nouveau théâtre 20 interprètes amateurs sont proposés par la structure de diffusion et Geoffroy et Marie disposent de 15h (soit 3h par soir sur 5 jours) pour leur apprendre une pièce de 28 mn. Un véritable challenge, une responsabilité assumée à travers un plaisir partagé et un engagement commun entre eux et les participants.

Auprès de Jann Gallois, le danseur chorégraphe se glisse aussi dans la peau d’un interprète, rôle qu’il aime incarner, mettre ses capacités au service d’un autre, d’un groupe cela fait partie de son ADN. Il est aussi interprète pour certaines créations de Nextape chorégraphiées par Noé Chapsal, notamment Isthme avec le groupe musical Marthe qui sera donné à l’Heure bleue de St Martin d’Hères dans le cadre du Festival Hip Hop don’t stop du 26 janvier au 12 février 2022.

Isthme, Marthe et Noé Chapsal (c) Julie Cherki.

Parallèlement Geoffroy a co-créé avec Tristan Starowicz, danseur et plasticien, une performance dansée et visuelle, intitulée Cette trace qui s’efface, un spectacle sensible et exigeant puisque les spectateurs assistent d’abord au dessin à la craie sur le sol d’une forme poudreuse qui sera un des partenaires de jeu des danseurs. Un travail subtil qui réfléchit à la vanité de l’existence, à sa beauté précieuse et évanescente. Temps long de l’installation du dessin, éphémère de la danse, trace qui s’efface mais qui s’imprime dans les sens des interprètes et du public. Une réflexion aussi sur la posture du spectateur : en attente consumériste ou partie prenante d’un processus créatif qui se déroule sous ses yeux ? Une possibilité d’impliquer le spectateur dans les difficultés et les complexités de la création, de lui faire sentir le temps long de la conception et de la réalisation d’une pièce et le temps fugace de la représentation. Peut-être est-ce dans cette résolution/dissolution que réside la beauté de l’art vivant, la radicalité de son expression dans l’instant présent. Une pure expérience sensorielle ?

Cette trace qui s’efface, Geoffroy Durochat et Tristan Starowicz (c) Jean-Pierre Andrieu.

Expérience sensorielle, qui se déploie aussi pour le public à travers le trio décapant que Geoffroy forme avec le musicien Claude Gomez et le chanteur Lionel Damei pour le spectacle Emoovoir, chanson hiphopée, qui tourne depuis 2019 et dont les dates se poursuivent jusqu’au printemps 2022.

Emoovoir, en duo avec Lionel Damei (c) Joseph Caprio.

Lorsqu’on voit Geoffroy danser où si on a la chance de participer à un de ses workshops, on remarque immédiatement ses qualités d’empathie, sa clarté dans la transmission et sa générosité dans l’engagement physique, autant de qualités qui invitent à lui poser la question d’une création solo. Il répond que cela le tente mais que pour l’instant il ne sait pas s’ il a envie de chorégraphier pour un interprète, d’incarner le solo qu’un chorégraphe lui proposerait ou de se lancer dans un solo dont il serait à la fois le chorégraphe et l’interprète. Avec humilité, il rappelle que son parcours d’interprète est récent et qu’il a encore besoin de se nourrir pour se sentir prêt, et aussi qu’il lui faudrait libérer du temps et renoncer à certaines de ses activités. Un choix difficile mais qu’il sait devoir affronter… A suivre donc et en attendant vous pouvez suivre Geoffroy Durochat à travers différents spectacles.

En tournée

Avec Marthe et Noé Chapsal

Le 09 février 2022 à L’Heure Bleue, St Martin d’Hères

Avec Lionel Damei 

Le 03 mai 2022 au Toursky, Marseille

Avec Tristan Starowicz

Le 21 mai 2022 au Coléo de Pontcharra

Avec Jann Gallois pour Mandala-Reverse 

14 novembre 2021, Festival 99, Tournefeuille

17 novembre 202, Théâtre Paul Eluard, Bezons

29 janvier 2022, Théâtre du Champ de Foire, Saint-André-de-Cubzac

15 février 2022, Chaillot – Théâtre National de la Danse, Paris

11 mars 2022, Festival le Grand Bain, Lille

23 avril 2022, Espace culturel Eole,  Craponne

14 mai 2022, La Ferme de Bel Ebat, Guyancourt

Image de Une, portrait de Geoffroy Durochat crédit photo HK Visuals.

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