Dimanche éperdument nouvelle création de Lionel Hoche

Dimanche éperdument, est le troisième volet d’une trilogie initiée par Lionel Hoche avec lundijeudi en 2015, suivi par samedicarrément en 2018. Cette “rotation intimiste” se compose de trois moments de vie, les deux premiers plus autobiographiques, le troisième qui s’ouvre sur une réflexion partageable sur l’état du monde et des possibles à venir.

Trois temps, trois formes et un sillon que l’artiste creuse toujours avec générosité et humanité.

Dimanche éperdument, étape de travail, chorégraphe Lionel Hoche, Le Prisme, Elancourt, 17/12/2020 (c) Laurent Philippe.

Après le solo lundijeudi qui se présentait comme un retour introspectif sur le milieu de vie, l’artiste fêtait alors ses 50 ans, le duo samedicarrément plongeait dans le monde de l’enfance et poursuivait des questionnements irrésolus, Lionel Hoche y partageait la scène avec le musicien Adam Vidovic. L’équipe s’agrandit en trio voire en quatuor avec Dimanche éperdument puisque Harris Gkekas la rejoint à la fois comme danseur et comme guitariste et que Carlotta Sagna s’empare du « conseil » artistique.

Dimanche éperdument, étape de travail, chorégraphe Lionel Hoche, Le Prisme, Elancourt, 17/12/2020 (c) Laurent Philippe.

Un tryptique de spectacles hybrides où le chant, la danse, le texte, la musique et parfois la vidéo co-existent, Lionel Hoche dit s’intéresser au corps dansant sous toutes ses formes, il explore la porosité entre les champs artistiques creusant la pluralité des gestes, qu’ils soient corporels ou vocaux. Il interroge les possibles incarnations du mouvement dans le corps parfois de façon inattendue. Abandon, changement de tonicité, technicité virtuose ou geste quasi quotidien. L’importance des costumes et de la scénographie participe du plaisir jubilatoire à assister aux spectacles de Lionel Hoche. Un spectacle total, musical et chorégraphique, poétique et décalé.

Dimanche éperdument, étape de travail, chorégraphe Lionel Hoche, Le Prisme, Elancourt, 17/12/2020 (c) Laurent Philippe.

Pour ce dernier volet, idée assumée par le chorégraphe d’un rubik’s cube artistique, où l’on structure le multiple, où l’on fait  sens avec des choses hétéroclites dont le dessin (dessein?) ne se révèle qu’au final.

À l’heure où j’écris, après discussion avec Lionel Hoche, Dimanche éperdument reste un objet mystérieux même si présenté comme un « trio chorégraphique et musical ». Je soupçonne un univers dystopique, un entre-deux de temps et de lieux, un présent coincé entre deux mondes : le monde ancien où l’on dansait, résonnant de standards de jazz et de souvenirs de danse, et un monde à venir qui comme un phénix peut naître des cendres calcinées.  Un monde possible porté par une cellule amicale, pleine de vie et d’espoir, de folie utile, d’utopie humaniste, d’échappées belles. Une pièce dont le propos résonne étrangement avec ce que nous vivons actuellement. Lionel Hoche nous donne à voir à travers ce trio que nous avons des capacités,  des ressources pour  porter la vie, l’espoir. Réflexion existentielle, parfois surréaliste ou cocasse où la conscience de la course à la perdition, incite les protagonistes à la fuite vers un ailleurs plus fertile, plus coloré, plus gai, où la danse demeure la source vitale survivant aux lieux, aux époques et aux catastrophes alors ce dimanche on veut y croire éperdument !

Dimanche éperdument création 2021

Conception/interprétation/scénographie Lionel Hoche. Clavier/interprète Adam Vidovic. Danses/Guitares  Harris Gkekas. Conseil artistique Carlotta Sagna. Musique Cole Porter, Arthur Hamilton, Leslie Briuslee, Sigmund Rogberg, Thomas Waller, Eden Ahbez, Paolo Beltran Ruiz , Erik Satie. Son/vidéo Jérôme Tuncer. Lumière Arthur Gueydan.  Régie lumière et plateau Jean-Marc L’Hostie. Production : Compagnie MéMé BaNjO. Coproduction : La Commanderie-Mission Danse (Saint-Quentin en Yvelines) Centre Chorégraphique National Ballet de Lorraine dans le cadre de l’Accueil Studio – Le Pavillon, Romainville. Résidences: Le Prisme, Élancourt – Le Figuier Blanc, Argenteuil – Le Pavillon, Romainville – La Maison-Forte, Vitry-lès-Cluny.

Où et quand ?

Première vendredi 15 janvier 2021 (14h & 20h30 ), au Prisme d’Élancourt.

Samedi 6 février, 19h – La Maison du Peuple – Pierrefitte-sur-Seine.

Image de Une, visuel de Dimanche éperdument, Lionel Hoche, Cie MéMé BaNjO, crédits photos Paul Veloso.

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